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« PAS ÉLUS POUR RÉDUIRE LES POSTES »
14 présidents d’université demandent à l’État de reprendre la gestion de la masse salariale
La CPU (Conférence des présidents d’université) vient pour sa part de proposer aux sénateurs de défendre un amendement au PLF 2013 sur l’actualisation de la masse salariale selon le principe « qui décide paie » (AEF n°174515).
jeudi 6 décembre 2012
par PL

14 présidents d’université demandent à l’État de reprendre la gestion de la masse salariale

« Madame la ministre, reprenez la gestion de la masse salariale et des postes des personnels titulaires », déclarent quatorze présidents d’université dans une lettre adressée à Geneviève Fioraso, dont AEF a eu copie mercredi 14 novembre 2012. Ces quatorze présidents estiment en effet qu’une telle « conclusion s’impose si les universités continuent de se voir privées des moyens les plus élémentaires d’assumer leur fonction d’employeur ». « Plutôt que de dépenser temps et énergie à chercher désespérément quelle ligne budgétaire ou quels postes supprimer pour pouvoir assurer la rémunération de nos collègues et le fonctionnement minimal de notre université, nous ferons notre métier : accueillir les étudiants pour les amener au plus haut niveau de formation et les accompagner dans leur insertion professionnelle ; travailler dans nos équipes pour découvrir de nouveaux résultats et de nouvelles pistes de recherche ; construire avec nos partenaires, étudiants et chercheurs internationaux, l’Europe et le monde de demain », écrivent-ils. La CPU (Conférence des présidents d’université) vient pour sa part de proposer aux sénateurs de défendre un amendement au PLF 2013 sur l’actualisation de la masse salariale selon le principe « qui décide paie » (AEF n°174515).

Les quatorze signataires sont :
- Mohamed Amara, président de l’université de Pau et des Pays de l’Adour ;
- Jacques Bahi, président de l’université de Franche-Comté Besançon ;
- Fabienne Blaise, présidente de l’université Lille-III ;
- Lise Dumasy, présidente de l’université Stendhal Grenoble-III ;
- Rachid El Guerjouma, président de l’université du Maine Le Mans - Laval ;
- Anne Fraïsse, présidente de l’université Montpellier-III ;
- Philippe Houdy, président de l’université d’Évry Val d’Essonne ;
- Yves Jean, président de l’université de Poitiers ;
- Yannick Lung, président de l’université Montesquieu Bordeaux-IV ;
- Jean-Michel Minovez, président de l’université Toulouse-II Le Mirail ;
- Mohamed Ourak, président de l’université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis ;
- Jean Peeters, président de l’université de Bretagne-Sud ;
- Pascal Reghem, président de l’université du Havre ;
- Danielle Tartakowsky, présidente de l’université Paris-VIII.

« PAS ÉLUS POUR RÉDUIRE LES POSTES »

Ces présidents estiment que « toutes les pistes » de réforme envisagées dans le cadre des assises de l’enseignement supérieur et de la recherche « n’ont aucun sens si les moyens ne suivent pas ». Ils reviennent dès lors sur l’actuelle situation financière des universités (19 universités en déficit en 2011, 40 établissements ayant un fonds de roulement insuffisant fin 2012, AEF n°171812), déplorent le « GVT non compensé », le « CAS pension non assumé », la « titularisation induite par la loi Sauvadet », etc.

« Nous n’avons pas été élus pour réduire les postes, diminuer les crédits consacrés à la formation, la recherche ou la documentation quand l’avenir économique et social de notre pays et de l’Europe suppose que la nation investisse pour amener 50 % d’une classe d’âge au niveau bac+3 et pour produire de nouvelles connaissances », écrivent les quatorze présidents. « Aujourd’hui le transfert de la masse salariale, sans les crédits correspondants, n’est plus une aide mais un handicap car il nous fait réduire les financements déjà trop faibles pour nos missions fondamentales. »

ESPRITS BIENTÔT PRÊTS À ACCEPTER L’AUGMENTATION DES DROITS DE SCOLARITÉ

Ils estiment qu’il ne faut pas se fier à l’augmentation de 2,2 % du budget global de l’enseignement supérieur et de la recherche en 2013, affirmant que « dans la réalité, les moyens vont baisser dans de nombreuses universités puisqu’on nous a transféré des charges sans y associer les moyens ». « Même les 1 000 postes annoncés pour l’année prochaine (5 000 pour la mandature) ne suffiront pas à rétablir la situation », ajoutent-ils.

« Comme les collectivités territoriales, qui ont, un temps, pallié les défaillances de l’État, n’ont plus les moyens de nous aider, s’il n’y a pas de sursaut de la part des pouvoirs publics, les esprits seront bientôt prêts à accepter l’augmentation des droits universitaires qui apparaîtra comme la seule solution. Nous ne voulons pas être les alibis de cette évolution, convaincus que nous sommes de la nécessité de maintenir un service public d’enseignement supérieur de qualité et accessible au plus grand nombre », concluent les quatorze présidents.

UN SOUS-FINANCEMENT DÉJÀ CONNU AVANT LE PASSAGE À L’AUTONOMIE

Ils rappellent un peu plus haut dans leur lettre que lors du vote de la loi LRU, « le sous-financement des universités était [déjà] reconnu ». « La LRU était accompagnée de la promesse d’une progression des crédits de l’ordre d’un milliard d’euros au cours de la mandature. L’ivresse de la liberté faisait tourner les têtes des présidents, investis de nouveaux pouvoirs, qui eurent l’illusion de croire qu’ils avaient enfin le pouvoir de consolider les formations dispensées aux étudiants et les recherches menées dans leurs établissement », écrivent-ils.

« Puis la mise en place de nouvelles agences (Aeres et ANR notamment), les investissements d’avenir ont donné l’illusion qu’on dépassait le fonctionnement bureaucratique d’une administration pour passer à une démarche projet se plaçant au coeur du monde de l’enseignement et de la recherche. En fait, ce fut le temps de la bureaucratisation et de la hiérarchisation de l’enseignement supérieur et de la recherche », dénoncent les quatorze présidents. « Aux modalités de contrôle des finances publiques, est venu s’ajouter le recours aux acteurs privés : cabinets pour monter des projets, commissaires aux comptes, etc., sans que les coûts induits soient pris en compte dans le financement des universités », indiquent-ils.