Visages fermés, silence résigné. Quelque 250 salariés ont écouté leurs délégués syndicaux, hier après-midi, lors d’une interruption de séance du comité central d’entreprise, qui se tenait au siège de NXP France, à Colombelles. Le 12 septembre, la direction néerlandaise de la société, ex-branche semi-conducteurs de Philips, avait annoncé 4 500 suppressions de postes dans le monde, pour les deux tiers en Europe.
Le CCE d’hier avait pour but de rendre publique la déclinaison française de ce plan social. Au total, 391 postes sont supprimés sur un effectif de 1 100 salariés en France. Sans compter la soixantaine de CDD qui ne seront pas renouvelés. L’usine Côte-de-Nacre, à Caen, représente le gros du bataillon des départs, avec 280 personnes, dont 80 chercheurs qui se consacrent au processus de fabrication « system in package ». Elle a été mise en vente. Si aucun repreneur n’est trouvé d’ici la fin de l’année, elle fermera.
Six postes sont supprimés sur 43 à Sophia-Antipolis, à Antibes (Alpes-Maritime) ; 12 sur 90 à Suresnes (Hauts-de-Seine) et 93 à Colombelles, sur le campus Effiscience qui abrite le centre de recherche. Parmi ces derniers, 41 personnes de la « fonction support », à savoir les services administratifs, et 52 du service recherche et développement, soit les chercheurs. « 391, c’est un chiffre arraché, commente Stéphane Bouyeure, directeur de la communication de NXP France. C’est finalement moins important que ce que l’on pouvait craindre. La France ne s’en sort pas trop mal. »
Les syndicats ne l’entendent pas de cette oreille. Au mégaphone, Michel Normand, délégué CFDT de NXP à Colombelles, a dénoncé une direction « dont le projet industriel n’est pas la préoccupation première : eux, c’est la finance, la finance, la finance. Philips nous a vendus à des gens qui n’ont aucun ménagement pour le personnel. » Parmi les salariés présents hier, plusieurs ont fait entendre leur inquiétude : « Si Côte-de-Nacre ferme, quelles répercussions pour nous ? » Les délégués syndicaux ne sont pas plus optimistes, s’interrogeant même sur « ce qu’il y a derrière ce plan. Maintenant que va-t-il nous arriver ? »
Contacté, le président de NXP France, Henri-Alain Rault, n’a pas souhaité répondre à nos questions. Les 52 postes supprimés en recherche et développement concernent « des projets jugés plus fragiles que d’autres », note encore Stéphane Bouyeure, sans plus de précisions. L’activité « home », c’est-à-dire les décodeurs, devrait être réduite. Des négociations s’ouvrent pour le reclassement des salariés. Le comité central d’entreprise doit se réunir à nouveau dans une dizaine de jours.
Aurélie LEMAÎTRE.